dimanche 29 janvier 2012

Médecine : A quoi servent nos chirurgiens ?




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Médecine : A quoi servent nos chirurgiens ?
La Mauritanie, à l’instar d’autres pays forme son personnel médical, notamment le personnel spécialisé dans les universités et instituts spécialisés d‘Afrique, d’Europe, d’Asie, voire d’Amérique, comme elle s’équipe en matériel sophistiqué pour élever les plateaux techniques des centres hospitaliers.

Mais en dépit de ce que cela coûte, des matières grises qui nous reviennent avec des têtes supposées « bien » pleines, laMauritanie continue à dépenser d’énormes sommes, pour évacuer les malades mauritaniens vers un certains nombre de ces pays, parfois pour des pathologies censées se faire traiter par nos spécialistes.

Ce qui nous amène à poser cette question : à quoi servent nos chirurgiens ? Sont-ils tous incompétents ou souffrent de confiance des populations? Ou ne disposons-nous pas, de plateaux techniques appropriés ? La question est de brûlante actualité et trouve sa justification dans le récent cas de la petite Raja atteinte d’une balle qui, à en croire la presse aurait atteint sa moelle épinière, donc sa colonne vertébral.

Après moult agitations au sommet de l’Etat, des pieds de grue d’un chargé de mission à la Présidence, d’un conseiller du PM, tous deux réputés de la même tribu que la victime du coup de feu, Raja fut évacuée au Maroc, un pays voisin, mieux doté en infrastructures et probablement en personnels qualifiés, mais dont la réputation auprès des mauritaniens ayant été évacués là bas, n’est pas du tout honorable.

Visiblement, les mauritaniens du service des urgences de l’hôpital national, appelés au chevet de la victime n’ont rien pu faire pour empêcher l’évacuation de Raja. Il serait trop prétentieux d’affirmer que nos spécialistes en la matière sont tous nuls ; il y a de très bons chirurgiens, de neurochirurgiens dans nos hôpitaux, comme il y a des plateaux techniques de haut niveau, dans certains centres hospitaliers de la capitale.

Alors quel est le problème ? L’absence de confiance ou le complexe de l’étranger ? Peut-être les deux. Certains mauritaniens, les plus nantis souvent ou ceux qui avaient l’accès facile aux évacuations et aux deniers publics préfèrent traiter une simple grippe ou accoucher au Maroc, en Tunisie et dans une moindre mesure à Paris. D’autres le font, à des prix trop élevés, dans des cliniques privées de Nouakchott où officie le personnel médical de l’Etat.

Cette attitude a sensiblement baissé avec la création de deux structures spécialisées, notamment, le centre d’oncologie, et l’hôpital de cardiologie. Mais, jusqu’à présent, nombre de mauritaniens disposant de gros moyens se soignent à l’étranger, le plus souvent sur les frais de l’Etat, et peut-être aussi grâce à la complicité de la commission de santé chargée de statuer sur les cas d’évacuation.

Ce que qu’on reprocher à certains nos médecins et à nos spécialistes c’est l’absentéisme dans les structures publiques, leur laxisme, l’incivisme et leur négligence. Il leur arrive souvent de poser de faux diagnostics, donc de prescrire un mauvais traitement, laisser dans les corps des patients, les compresses, par exemple. D’autres abandonnent leur service au profit des structures privées, sans aucune forme de sanction.

C’est peut-être là, la principale raison qui a poussé, par le passé, trop de mauritaniens à mettre en doute la compétence de nos spécialistes. Certaines personnes ayant subi plusieurs traitements ici, et qui finissent par se rendre au Sénégal reviennent et laissent entendre que nos médecins sont nuls parce qu’elles ont recouvré rapidement leur santé.

Mais, au-delà de ce doute sur la compétence de notre personnel spécialisé de santé, nous nous interrogeons sur les charges qu’a occasionné l’évacuation de Raja. En effet, les mauritaniens qui supputent sur l’acte du fils du Président de la République aimeraient savoir : qui a payé les frais de location de l’avion médicalisé ? La présidence de la République ou le gouvernement ?

Ou tout simplement la famille du présumé auteur de l’acte ? Si ce sont les deux institutions de la République, les mauritaniens comprendraient mal pourquoi Raja bénéficie d’un tel traitement de faveur alors même qu’il y a des cas similaires dont les victimes continuent à souffrir à petit feu ?

Tous les esprits vont aux jeunes manifestants de TPMN, dont l’un est blessé à Kaédi, l’autre, avec une main charcutée par une grenade des forces de l’ordre, le 28 novembre dernier. Pourquoi le gouvernement de la République n’a-t-il pris en charge les frais d’évacuation de ces victimes des abus des forces républicaines ? Pour un président se réclamant des pauvres, prêchant la justice, l’équité et la lutte contre la gabegie, ceci est disons-le incompréhensible.


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